Résidence secondaire : plaisir coupable ou vrai levier patrimonial ?

Écrit par Philippe Moreau

achat maison secondaire

Résidence secondaire : plaisir coupable ou vrai levier patrimonial ? Mon avis de terrain

Je vais te dire un truc que personne ne t’avoue jamais, surtout pas les agents immobiliers : une résidence secondaire, ça peut être la meilleure ou la pire des idées.

Tout dépend de pourquoi tu l’achètes, où tu la places, et ce que tu en fais vraiment. Tu veux un pied-à-terre pour aller souffler au bord de l’eau le week-end ? Super. Tu veux un actif rentable et valorisable ? Là, on va devoir parler sérieusement, parce que tout ce que tu crois savoir sur les résidences secondaires — fiscalité, rendement, usage — est probablement biaisé par un mélange de fantasme, de brochures d’agences et de discussions de dîner entre amis.

Ma première résidence secondaire : pourquoi je me suis planté (et ce que j’ai appris)

2009. J’avais déjà quelques biens locatifs à Lyon. Un petit portefeuille en longue durée, qui tournait bien. Et puis un week-end, à l’arrache, je tombe sur une annonce pour une petite maison à Arcachon. 57 m², jardin, plage à 450 mètres. Je craque. Coup de cœur. Achat impulsif. Sur le papier ? Une bonne idée : j’en profite pendant les vacances et je la loue en courte durée le reste du temps.

Mais dans la réalité, j’ai pris une claque. Déjà, le taux d’occupation n’était pas aussi stable qu’espéré. Une mauvaise météo en juillet, et bam, trois semaines sans locataire. Ensuite, les charges se sont révélées plus lourdes que prévu : jardin à entretenir à distance, humidité qui bouffe les murs, voisins pas toujours coopératifs avec les voyageurs. Et surtout, la fiscalité… J’ai découvert un peu tard les règles tordues sur la taxe d’habitation, les obligations déclaratives, les limitations de location imposées par la mairie. Airbnb a changé les règles du jeu en 2014, et moi je me suis retrouvé coincé avec un bien qui me coûtait cher et rapportait moins que prévu.

J’ai fini par revendre avec une mini plus-value. Pas un drame, mais clairement pas un bon move. Depuis, j’en ai vu passer des dizaines de projets similaires chez mes élèves. Et je peux te le dire : la résidence secondaire, ça ne s’improvise pas.

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Pourquoi tout le monde rêve d’une résidence secondaire… et pourquoi c’est parfois un piège

Un lieu d’évasion qui rassure… mais qui coûte toute l’année

On fantasme tous sur la maison au bord de l’eau, le chalet à la montagne ou la petite bâtisse en Provence. Et je le comprends. Avoir son coin à soi, y retrouver ses repères, inviter des proches, transmettre une tradition… C’est rassurant. C’est agréable. Mais une résidence secondaire, c’est comme un bateau : le meilleur jour, c’est quand tu l’achètes. Le pire, c’est quand tu reçois les premières factures.

Tu payes toute l’année pour un bien que tu utilises peut-être deux mois, dans le meilleur des cas. Et pendant les dix autres mois ? Tu continues à payer l’assurance, la taxe foncière, l’électricité (même en veille), les réparations, le gardiennage ou les frais de copropriété.

Tout ça, sans aucun revenu généré si tu ne loues pas.

La tentation Airbnb : fausse bonne idée ?

Alors bien sûr, tu te dis : “Je vais la louer quand je ne suis pas là.” Et c’est logique. Mais la courte durée, c’est pas magique. C’est un vrai business. Il faut une bonne localisation (et pas seulement “près de la mer”), un bien ultra propre, bien équipé, bien noté, bien géré. Et il faut aussi composer avec les restrictions locales, de plus en plus fréquentes : plafond de 120 jours, interdictions en zone tendue, déclaration obligatoire, voire besoin d’autorisation de changement d’usage.

Sans compter la gestion logistique : accueillir les voyageurs, faire le ménage, répondre aux messages. Ou alors tu délègues — mais là, tu perds 20 à 30 % de ta recette. Et je ne parle même pas de la volatilité : un été pluvieux, une crise sanitaire, une plateforme qui change ses règles… et tes revenus s’effondrent.

Résidence secondaire et fiscalité : attention aux angles morts

Fiscalement, la résidence secondaire est l’un des biens les moins protégés. Tu payes encore la taxe d’habitation, souvent avec une majoration, contrairement à ta résidence principale. La taxe foncière peut être alourdie selon la commune. Et si tu revends, la plus-value est taxée en totalité sauf après 22 ans (et 30 pour les prélèvements sociaux). Tu as aussi des frais de notaire classiques, pas de réduction ou d’exonération spécifique.

Enfin, si ton patrimoine immobilier dépasse 1,3 million d’euros, la résidence secondaire entre dans le calcul de l’IFI. Bref : tu n’es jamais gagnant par défaut. Tu dois structurer ton achat dès le départ pour que ça t’apporte quelque chose, sinon c’est un gouffre à long terme.

Pour qui c’est une vraie bonne stratégie (et pour qui c’est une mauvaise idée)

✅ Si tu cherches un levier patrimonial + usage perso malin

Si tu achètes dans une zone à forte demande (type côte basque, Haute-Savoie, Luberon…), que tu peux y aller hors saison, et que tu acceptes de déléguer la gestion, ça peut être rentable.

Tu y passes quelques semaines par an, tu la loues le reste du temps, et tu capitalises tranquillement sur la valorisation.

✅ Si tu veux diversifier en zone « plaisir + rendement »

Il existe des spots malins : lac de Serre-Ponçon, Landes, campagne à 2h de Paris, baie de Somme, etc.
Des lieux moins saturés, mais avec un potentiel touristique réel.
Là, tu peux te positionner sur un bien avec un bon rapport prix/occupation, tout en te réservant quelques semaines de calme.

❌ Si tu veux juste “profiter”… pourquoi c’est OK (mais ne l’appelle pas investissement)

Acheter un chalet à 480 000 € pour y aller 3 semaines par an ? C’est ton droit.
Mais appelle ça un plaisir, pas un placement. Et sois prêt à en assumer le coût.

Où investir en résidence secondaire sans te faire plumer ?

Les zones qui tiennent la route

  • Villes classées avec fort tourisme récurrent (Annecy, Honfleur, Aix-en-Provence…)

  • Montagne été + hiver (Megève, Samoëns, Serre-Chevalier)

  • Campagne “premium” : Perche, Luberon, sud Ardèche

  • Lieux très bien desservis : gare TGV ou accès rapide depuis grandes villes

Attention aux zones à surtaxe ou en décroissance

Des villages où les prix sont gonflés uniquement par l’effet « résidences secondaires » peuvent s’effondrer si la mode change.
Et les surtaxes votées par certaines communes (jusqu’à +60% sur la taxe d’habitation !) peuvent ruiner ton rendement.

Résidence secondaire à l’étranger : tentant, mais piégeux

Portugal, Espagne, Italie… oui, c’est séduisant.
Mais attention à la fiscalité croisée, aux lois locales, aux fluctuations politiques et aux soucis bancaires à distance.
Et ne rêve pas trop : la gestion locative à distance, ça se prépare.

Comment faire de ta résidence secondaire un actif (et pas un gouffre)

Il y a trois leviers. Le premier, c’est la location saisonnière intelligente. Pas du Airbnb freestyle, mais une vraie stratégie avec une charte graphique, une cible, une gestion professionnelle. Une bonne conciergerie locale peut faire la différence. Mais il faut la piloter comme un vrai produit locatif, pas comme une annexe de ton salon.

Deuxième levier : la fiscalité. En LMNP réel, tu peux amortir ton bien et déduire tes charges, ce qui réduit (parfois à zéro) ton imposition sur les loyers. En SCI à l’IS, tu capitalises différemment, en gardant la trésorerie dans la structure. Mais chaque cas est unique — et doit être étudié avec un comptable qui connaît la fiscalité immobilière, pas ton conseiller bancaire.

Troisième levier : la rénovation intelligente. Ne mets pas 80 000 € de marbre et domotique si tu ne récupèreras jamais ça à la location ou à la revente. Mais isole, ventile, remplace les ouvertures : tu gagnes en confort, en valeur et en durabilité. Un bon DPE, aujourd’hui, c’est une arme patrimoniale.

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Cas pratiques : ce que mes élèves ont fait (et les résultats)

Maison en Bretagne

Amandine et Hugo ont acheté une maison en pierre à 2 km de la plage. 210 000 € d’achat, 30 000 € de travaux. Ils y passent trois semaines l’été, et la louent en saisonnier le reste du temps via une conciergerie. Résultat ? 6,5 % net de rendement et un vrai plaisir familial. Pas un jackpot, mais un actif hybride qui coche toutes les cases.

Chalet à La Clusaz

Maxime, marchand de biens amateur, a déniché un vieux chalet à 320 000 €, qu’il a rénové pour 80k€. Il l’a loué une saison d’hiver, puis revendu 18 mois après à 465 000 €. Entre-temps, il a amorti les travaux, encaissé des loyers, et appris à piloter un chantier en montagne. Gain net ? 74 000 €.

Appartement au Portugal

Claire et Romain ont sauté sur un T2 à Lisbonne sans trop creuser. Mauvais quartier, copro vieillissante, fiscalité portugaise mal anticipée. Résultat ? Loyers irréguliers, charges imprévues, fiscalité croisée incompréhensible. Ils ont revendu deux ans plus tard en perdant 15 % de leur mise initiale. Une leçon dure, mais utile.

Conclusion : Résidence secondaire = plaisir, stratégie ou fantasme ?

Si tu veux juste profiter, c’est ton droit. Mais n’appelle pas ça un investissement. Si tu veux une vraie stratégie patrimoniale, alors travaille ton plan comme pour n’importe quel actif : étude de marché, projection financière, fiscalité, sortie.

Parce qu’en immobilier, ce qui coûte cher, ce n’est jamais l’achat. C’est le manque de vision.

Tu veux qu’on en parle ? Tu veux éviter une erreur de 15 ans ? Je suis là.

“Le confort d’aujourd’hui ne doit pas être la galère de demain.” 🧙‍♂️

Philippe Moreau, CEO de lebureaudelimmo

Philippe Moreau

Expert en investissement immobilier depuis plus de 15 ans, Philippe Moreau a développé une méthode unique pour transformer l'épargne en revenus durables. À la tête du Bureau de l'Immo, il supervise plus de 68 millions d'euros de patrimoine et forme les investisseurs de demain grâce à son approche pédagogique et ses résultats concrets.

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