Faut-il acheter sa résidence principale en 2025 ?
Je me rappelle encore d’un dîner avec des amis investisseurs à Lyon, en 2015. On était cinq autour de la table. Deux venaient d’acheter leur résidence principale, les trois autres (dont moi) continuaient de louer. Les discussions étaient passionnées. Ceux qui avaient acheté disaient : « Au moins, je construis quelque chose de durable, j’ai ma maison, c’est mon cocon. » Nous autres, on répliquait : « Oui, mais tu t’es mis un crédit de 25 ans sur le dos, tu t’empêches d’investir ailleurs ! »
Et c’est ça, le dilemme éternel. Acheter sa résidence principale, c’est une sécurité. Mais c’est aussi un poids.
Alors, en 2025, avec des taux encore élevés, un marché tendu et des prix qui résistent malgré les prévisions de baisse… faut-il franchir le pas ? Laissez-moi vous guider, calmement, avec des exemples concrets et un regard d’investisseur.
~3,40 %
Taux de crédit moyen (20 ans)
3 115 €/m²
Prix moyen au m² (France, août 2025)
35 ans
Âge moyen primo-accédants
48 %
Part de primo-accédants
Récapitulatif rapide (si tu es pressé)
- Acheter sa résidence principale = patrimoine tangible, stabilité familiale, sécurité.
- Mais attention : engagement lourd qui réduit la mobilité et immobilise la capacité d’emprunt.
- Commencer par le locatif peut être une meilleure rampe de lancement vers l’indépendance financière.
- Chaque profil est différent : CDI stable ≠ entrepreneur nomade ≠ jeune actif.
- Étude de cas : Marc a acheté tôt, Clément a investi en locatif d’abord — bilans très contrastés après 10 ans.
- Avant d’acheter : vérifier emplacement, budget, efficacité énergétique, aides.
Pourquoi cette question est devenue centrale aujourd’hui
Contexte économique : taux d’intérêt, inflation et pouvoir d’achat
Il y a quelques années encore, on pouvait emprunter à moins de 2 %. Aujourd’hui, la plupart des établissements prêtent entre 3,5 % et 4,2 % sur 20 ans. Dit comme ça, ce n’est pas dramatique . Mais mets-le en chiffres : en 2019, pour 1 000 € de mensualité, on pouvait financer environ 250 000 €. En 2025, pour la même mensualité, c’est plutôt 200 000 €. 50 000 € de capacité d’achat envolés, uniquement à cause de la hausse des taux.
Ajoute à cela une inflation qui grignote les salaires réels et des coûts de travaux plus hauts, et tu comprends pourquoi beaucoup repoussent ou renoncent à l’achat de leur résidence principale.

Évolutions culturelles et sociétales
La génération de nos parents glorifiait l’accession à la propriété. Les nouvelles générations veulent mobilité, flexibilité, et qualité de vie immédiate. Louer un bel appart bien placé, tester une autre ville grâce au télétravail, puis décider ensuite — cette séquence devient courante. L’important n’est plus seulement de “posséder”, mais de choisir quand s’ancrer.
Une décision patrimoniale autant qu’émotionnelle
Ne nous mentons pas : acheter sa résidence principale n’est pas qu’une feuille Excel. C’est une histoire de sentiment d’appartenance, de racines, de sécurité affective. Je me souviens de ma première maison près de Lyon. Quand j’ai posé les clés dans la main de ma femme, il y a eu un silence… puis un sourire. Ce moment-là, pour beaucoup, n’a pas de prix.
Les avantages d’acheter sa résidence principale
- Patrimoine solide : chaque mensualité rembourse une part de capital — contrairement au loyer, qui s’envole à jamais.
- Stabilité et sécurité : pas de congé pour reprise, pas de hausse de loyer imprévue ; tu maîtrises ton destin résidentiel.
- Économie à long terme : à la fin du crédit, tu vis “quasi-gratuitement” (hors charges/entretien) ; le budget logement s’allège.
- Liberté d’usage : travaux, aménagements, extensions — c’est ton espace, tes règles.
- Transmission familiale : un actif concret à léguer, souvent chargé d’une histoire.

Les inconvénients à prendre en compte avant d’acheter
- Crédit engageant : 20–25 ans, c’est long. Tu immobilises une partie de ta capacité d’emprunt qui ne servira pas à d’autres projets.
- Moins de mobilité : une opportunité professionnelle dans une autre ville ? Revente ou mise en location à gérer, avec des coûts et des aléas.
- Aléas du marché : une baisse de 10–15 % peut “coincer” un propriétaire qui doit revendre vite — surtout s’il a peu d’apport.
- Coûts cachés : entretien, copropriété, taxe foncière, mise à niveau énergétique — à intégrer dès le départ.
Acheter sa résidence principale ou investir d’abord en locatif ?
Les arguments pour le locatif d’abord
- Capacité d’emprunt augmentée : les loyers couvrent une partie du crédit, la banque continue de suivre pour d’autres acquisitions.
- Avantages fiscaux : LMNP, Denormandie… des leviers qui n’existent pas pour la résidence principale.
- Liberté de mouvement : louer son logement personnel garde une flexibilité de carrière (et de ville) bienvenue.
Quand acheter sa résidence principale reste préférable
- CDI stable, visibilité pro claire, pas de mobilité prévue à court/moyen terme.
- Volonté de s’ancrer au moins 7–10 ans dans la même zone.
- Recherche d’un cadre sécurisé pour la famille (écoles, communauté, proximité proches).
Peut-on combiner les deux ?
Oui. Beaucoup démarrent par un petit studio locatif dans une ville étudiante (rendement correct, vacance faible). Les loyers couvrent le crédit. Quelques années plus tard, ils revendent avec une plus-value et utilisent ce capital comme apport pour la résidence principale. C’est une voie médiane intelligente.
Étude de cas : deux parcours différents
Marc, qui a acheté sa résidence principale tôt
En 2013, Marc achète un T3 à Bordeaux pour 200 000 €. Crédit de 25 ans. Dix ans plus tard :
- Environ 70 000 € de capital remboursé.
- Valeur estimée à 260 000 €.
- Capacité d’emprunt saturée pendant plusieurs années, peu d’investissements locatifs possibles.
Bilan : confort et stabilité immédiats, progression patrimoniale correcte mais plus lente qu’un profil “investisseur” pur.
Clément, qui a commencé par le locatif
En 2013, Clément achète deux studios à Lille, 90 000 € chacun, rendement brut 6 %. Les loyers couvrent les crédits. En 2018, il revend l’un des deux avec 20 000 € de plus-value ; cet argent devient l’apport de sa résidence principale (achetée en 2020).
- Conserve un studio qui s’autofinance et génère du cash-flow.
- Acquiert sa RP sans sacrifier son potentiel d’investissement.
- Patrimoine total supérieur à celui de Marc au bout de 10 ans.
Bilan : moins de confort au départ (il louait son logement personnel), mais accélération forte de l’indépendance financière.
Les enseignements à retenir
- Marc optimisait d’abord le confort et la stabilité familiale.
- Clément optimisait d’abord la construction de patrimoine et la capacité d’emprunt.
- Deux stratégies valables — la bonne est celle qui correspond à tes objectifs et à ton horizon.
Conseils pratiques avant d’acheter votre résidence principale
Bien choisir l’emplacement
- Transports, écoles, commerces, temps de trajet — ce sont les valeurs refuges d’un quartier.
- Anticipez la revente : même si vous pensez rester, la vie réserve des surprises.
Prévoir une marge de sécurité financière
- N’allez pas au taquet de l’endettement ; gardez 15–20 % de marge dans le budget mensuel.
- Constituez une épargne de précaution (6 mois de charges) pour les imprévus.
Penser à l’efficacité énergétique et aux travaux
- Un logement mal classé peut coûter cher à remettre à niveau ; intégrez-le dans le prix “réel”.
- Priorisez l’isolation, les menuiseries, le chauffage — c’est là que se joue la facture.
Intégrer les aides disponibles
- PTZ (si éligible), prêts employeur (Action Logement), aides locales.
- Comparez plusieurs banques et courtiers — le taux compte, mais aussi l’assurance, les garanties, la flexibilité.
Conclusion : acheter sa résidence principale, bonne idée ou piège ?
Il n’y a pas de réponse unique. Pour un salarié stable, qui sait où il veut vivre, acheter sa résidence principale est souvent une évidence. Pour un profil mobile ou un investisseur déterminé à accélérer, commencer par le locatif est souvent plus malin.
Ce que j’ai appris en 15 ans : reste maître de ta stratégie. Ne te laisse pas dicter ton calendrier par la pression sociale du “il faut acheter vite sinon c’est trop tard”. L’immobilier est un marathon, pas un sprint.
Merci d’avoir lu jusqu’ici 🙏
Dis-moi : résidence principale d’abord ou investissement locatif en premier ? Ton retour aidera ceux qui hésitent encore.




